Neuvième dialogue : Peut-on faire confiance à celui qui a une confiance aveugle en la langue ?

Neuvième dialogue : Peut-on faire confiance à celui qui a une confiance aveugle en la langue ?

 

Lawrence Weiner
« Return to Sender », 2021
Carte postale envoyée par l'artiste à l'occasion de l'exposition « Lost Weekend » qui se tiendra du 26 juin au 31 juillet 2021 à la galerie Allen et à la librairie Yvon Lambert.
 

« Ars Poetica » - Neuvième dialogue :
Peut-on faire confiance à celui qui a une confiance aveugle en la langue ?

Un dialogue entre l’art et la poésie imaginé par Ryoko Sekiguchi pour Yvon Lambert

Chère Ryoko,

Je vous remercie pour ce message fort intéressant.
Je comprends la gène que vous avez pu ressentir, en tant qu'auteur, devant les oeuvres textuelles de Lawrence Weiner.
Ce qui m'intéresse chez cet artiste, et ce pourquoi son oeuvre est importante, est qu'après Marcel Duchamp et son urinoir, il a posé un nouveau jalon dans la désacralisation de l'oeuvre d'art.

Sa réflecxion ne tend pas à dire que « tout est art », mais que « l'idée » prime. Que tentent de faire l'écrivain, le photographe, le poète ? Ils tentent de partager, par leur choix des mots, le cadrage d'une photographie, un sentiment, une idée au spectateur. Cette idée, ce sentiment qui germe dans la tête de l'artiste, Lawrence Weiner tente de la transmettre directement dans l'esprit du regardeur. En revendiquant l'absence d'« originalité », il se détourne de la posture de l'artiste, du style et de modes. 

Sa démarche artistique peut paraître provocatrice et son utilisation du texte choquer le poète qui y verrait de la négligence. Mais c'est volontairement que Lawrence Weiner choisit de ne pas chercher le « bon mot », qu'il choisit l'énumération, la description. La langue de Lawrence Weiner  est « Pop » car réduite au stricte minimum, à une « image ».

Sur ces réflexions, je vous dis à bientôt.

 

— Yvon

 

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